Fondamentaux agronomiques et creuser pour comprendre les différences de résultats
Apport organique – Analyses spécifiques pour mieux les connaître et les valoriser
Le sol, le creuser vraiment
Ne pas faire qu’en parler
Dans les réunions d’agriculteurs, les résultats techniques sont souvent comparés, alors que l’on ne part pas de la même chose : que ce soit au niveau de la génétique du sol, ou des apports organiques ou minérales.
1- Connaître vos apports organiques pour mieux les valoriser
Mieux connaître les valeurs de vos fumiers et composts pour mieux comprendre vos résultats
Bruno Doumayzel, éleveur dans le Tarn et de l’association Sol &Eau, fait du semis direct depuis 15 ans.
Il ne comprenait pas comment un sol à pH 4.5 a pu remonter à pH 6.5, sans chaulage. Il imputait cette remontée de pH au semis direct principalement. Mais…… il n’en était rien….
Posons les chiffres. Qu’apporte votre fumier ?
25 T/ha de ce fumier apportent :
30 U N efficace, 75 U P2O efficace, 135 U K2O,
195 U CaO, 60 U MgO + des oligo-éléments !
C’est bel et bien l’apport successif de fumier qui prédomine dans l’augmentation significative du pH et des équilibres calciques de ses sols
et non le semis direct.
La force de l’organique : ce n’est pas seulement l’organique, mais aussi les oligo-éléments !
La force de l’organique ne réside pas seulement dans l’organique en lui-même, mais dans la nutrition sol-plante au travers d’un cocktail oligo-éléments que nous avons dans l’organique, et pas de manière systématique dans le minéral.
Le fumier, notamment, est une ressource facilitant grandement la réussite du semis direct. Communiquer sur des éleveurs réussissant le semis direct, alors qu’ils ont du fumier, et dire aux céréaliers, vous pouvez en faire autant, sans fumier…. est une hérésie.
Fractionnement organique : évaluer l’azote disponible probable
Sur les exploitations agricoles et viticoles, nous avons entrepris depuis 2020 des analyses organiques spécifiques.
– Une analyse classique complète de vos apports organiques est nécessaire pour savoir ce qu’ils apportent comme éléments minéraux.
– La caractérisation du fractionnement organique apporte une information supplémentaire. Notamment, sur l’azote disponible et le pool organique qui va alimenter votre sol. (Pour conserver un bon ratio Coût d’analyse/Conseil, nous ne proposons pas l’ISMO).
Le fractionnement organique et l’azote total sont analysés. L’azote disponible est calculé. Ici, on voit un décalage entre l’azote total et l’azote disponible calculé pour l’année en cours.
Ce décalage dépend du fractionnement organique de votre apport. La lignine et la partie fermentescible utilisent de l’azote pour se décomposer.
Nous vous invitons à approfondir vos propres résultats.
2- Et si on arrêtait de parler de sol pour le creuser vraiment ?
Sur les vidéos, remonter la fertilité des sols, c’est simple. Il suffit de faire des couverts, d’apporter de l’organique, de moins travailler le sol (quoique, pour ça, je dirai plutôt : adapter le travail du sol ou le non travail du sol, à la nature et à l’état de son sol).
Aujourd’hui, les contextes économique et humain sur les exploitations obligent à rationaliser le travail. Ceci est vrai pour toute entreprise.
– Quelles sont les priorités à donner ?
– Où concentrer ses efforts ? Où faut-il lâcher ? et lâcher…. ce n’est pas naturel…
Diagnostic agropédologique sur Boulogne sur Gesse (31)
Nous allons voir que pour une grande parcelle, il est possible d’adapter la stratégie pour rationaliser la production. (volontairement, on ne rentre pas dans le détail pour ne pas alourdir).
1- Sur le haut de la parcelle (une partie concave) :
Le facteur limitant de cette parcelle est en premier lieu la réserve hydrique. La faible profondeur de sol et le taux de cailloux limitent cette réserve. Ce sont des « facteurs génétiques ».
La faible fertilité de la parcelle est accentuée par le niveau faible de matière organique et d’éléments nutritifs. Cette faiblesse est due à des pratiques non adaptées : une trop faible restitution face aux exportations. Ces pratiques sont expliquées par la situation économique de l’exploitation
2- Sur la partie plus basse, nous avons :
Un sol limono-sableux brun clair, sur un sol limono-argileux brun ocre. C’est un sol à tendance lessivé. Les analyses chimiques (non présentées ici), montrent des équilibres faibles.
Le facteur limitant de la parcelle est tout d’abord la compaction du sol, puis la faiblesse en éléments minéraux et en matière organique (avec un souci de pH). Malgré les couverts et le semis direct, le sol s’est compacté. Le semis direct n’est pas adapté à ce sol, tel qu’il est aujourd’hui.
Conseil agronomique : quelles priorités agronomiques dans ce cas concret ?
Le conseil intègre l’équilibre économique et humain de l’exploitation.
=> L’effort sera engagé sur la partie basse de la parcelle (apports, reprise du travail du sol avec une dent à 20 cm).
=> Sur la haut, sera privilégié du pâturage tournant dynamique face à la limite génétique du sol et économique de l’exploitation.
Pour des céréaliers, un repos régénérateur du sol peut être conseillé pour des sols trop limitants et si la situation économique ne permet pas de faire le nécessaire pour remonter la fertilité des sols.
Conclusion – Définir votre stratégie agronomique en creusant chez vous
– Ajuster votre cap, ajuster votre stratégie agronomique,
– Révéler le vrai ou du faux des nombreux discours sur le terrain ou sur internet,
Nécessite que vous preniez le temps, l’espace d’un instant, de savoir ce que vous avez sous vos pieds, de suivre des indicateurs agro-climatiques chez vous, et creuser vos apports organiques et votre conduite culturale, dans une approche globale.
Les compétences, l’expérience et la force humaine d’Agronomie Terroirs vous permet d’éclaircir la situation pour ajuster votre stratégie agronomique à votre situation, dans votre réalité.
Emmanuelle Choné